Pourquoi fêter Noël?

Pourquoi fêter Noël?

Une grande bûche sculptée se consumait lentement au centre d’un cercle de pierres. Tout autour, on avait accroché aux arbustes des figurines de terre cuite, de petits animaux en bois coloré et des lanières de fourrure blanche; tout ce qui pouvait représenter le retour de la vie. En cette longue nuit froide de ce qui allait devenir décembre, les anciens célébraient le solstice d’hiver, le point de bascule qui allait ramener la lumière, la chaleur, le printemps, dans quelques lunes.

Les humains soulignent les solstices d’hiver et d’été depuis des millénaires. Au Sud comme au Nord, ce phénomène astronomique marque le début d’un changement dans la vie collective; les nuits raccourcissent et les jours commencent à allonger au Nord et l’inverse se produit au Sud. Les anciens vivaient très près des cycles de la terre et leurs vies étaient rythmées par le soleil, qu’ils adoraient parfois même comme un dieu. Je dis «anciens», mais cela était aussi vrai il y a à peine quelques centaines d’années.

Ce lien avec les rythmes de la nature a servi de guide à plusieurs religions pour y calquer les événements de leurs liturgies sur ceux déjà respectés par les peuples depuis des temps immémoriaux. Le capitalisme, à titre de «religion économique», ne fait pas exception! Pensons aux événements commerciaux liés à Pâques, à l’Halloween et bien sûr à Noël, pour ne citer que ceux-là. Associer la surconsommation à chaque fête populaire est devenu une confirmation du fort décalage entre l’origine de ces moments festifs et les foires commerciales qui, parfois même, déclassent et ternissent le lien entre les humains et l’environnement pour le remplacer par des valeurs qui semblent nous mener à notre perte collective. Nous sommes passés du respect des liens qui nous unissent à la terre, aux saisons, à celui de la fuite en avant vers le précipice où nous conduit cette économie polluante et mortifère.

Alors, pourquoi diable fêter Noël?

Nous ne savons pas encore si l’humanité est la seule espèce vivante, capable d’imaginer la vie sur d’autres planètes de l’Univers. Les avancées astronomiques laissent penser que des milliers d’exoplanètes, hors du système solaire, pourraient réunir des conditions physiques similaires à celles qui ont prévalu ici, sur terre, et qui ont mené à l’existence de l’humain tel que nous le connaissons aujourd’hui. Nous ne saurons peut-être jamais si cet espoir de ne pas être seuls dans l’Univers est réaliste, compte tenu des distances qui nous séparent de ces autres «terres»…

Mais ce que nous savons, c’est que nous sommes la seule espèce vivante, ici sur terre, capable de sublimer le quotidien pour s’inventer un monde et même le construire concrètement, fût-il virtuel. Sans tomber dans le spécisme et donner aux humains une valeur morale supérieure aux animaux, il n’en demeure pas moins que nous sommes les seuls à organiser notre environnement selon nos désirs; d’ailleurs, cette caractéristique humaine est celle qui a ouvert la porte à toutes les dérives environnementales et nous met même en danger comme espèce.

Par ailleurs, c’est cette même capacité qui favorise les arts, l’inventivité, le fantastique et le merveilleux. Des dessins des cavernes aux impressionnistes, de l’imitation d’un chant d’oiseau aux symphonies, d’un trait dans le sable aux poèmes, l’humanité sublime la pensée dans le partage de la beauté. C’est probablement cette même particularité humaine qui permettra aux prochaines générations d’inventer un monde meilleur, plus juste, plus équitable, en paix et de remettre l’économie à sa place, soit au service des collectivités plutôt qu’au seul profit de quelques-uns…

C’est cela qu’il faut fêter à Noël! Garder vivant l’imaginaire, le merveilleux! Voir les yeux des enfants briller devant un conte, une décoration, un cadeau, une ambiance chaleureuse; partager avec d’autres un repas, un bien, un sourire. Notre société est tellement individualiste, insensible pour les gens différents et si peu portée à soutenir les exclus, qu’il faut utiliser ces moments particuliers pour se rappeler que nous sommes aussi autres choses : des êtres pensants, certes, mais des êtres capables du meilleur, du fantastique, du solidaire, de la justice sociale. Des êtres capables d’affronter l’avenir avec intelligence et détermination, tout comme de vivre le présent dans la symbolique d’un sapin décoré, d’un vieux bonhomme et son traîneau tiré par des rennes volants (sans GES), en train de poser des guirlandes lumineuses pour rappeler que nous sommes maîtres d’illuminer notre avenir, plutôt que de retourner à la noirceur ayant précédé le Big Bang…

Joyeux Noël!

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