J’ai toujours exercé mon droit de vote, à tous les paliers de gouvernements. Il m’est arrivé de voter pour une idée, pour une personne, pour un parti, contre un parti, de façon stratégique, pour un ami, pour je-ne-sais-plus-trop-quoi…
À la dernière élection provinciale, j’avais demandé à ma belle-fille pour qui elle allait voter, lui assurant de ne pas «annuler» son vote en votant comme elle. L’idée était que, étant plus jeune (beaucoup) que moi, elle devrait affronter l’avenir plus longtemps que moi et qu’elle devait faire des choix que je n’aurais plus à faire dans quelques années. Alors, autant doubler son vote!
Voter n’est pas qu’un geste de démocratie, c’est aussi un pari sur l’avenir. Tant de promesses ont été brisées sur l’autel du «pragmatisme» économique qu’il est plutôt présomptueux de penser qu’élire tel ou tel parti équivaut à s’assurer de mettre en place son programme. D’autant qu’il est souvent tellement flou, ce programme, qu’il pourra toujours être considéré comme atteint, mis en marche ou victime du temps ou de la «réal-politique»…
Au-delà des votes «pour gagner» qui compensent nos défaites personnelles ou celles de nos équipes de sport favorites, voter c’est tenter de se projeter dans le futur, dans notre future société. Voter c’est imaginer le meilleur ou le moins mauvais. Voter c’est sortir de la stupeur du quotidien, battre des bras alors que les sables mouvants du chaos mondial tentent de nous avaler. Voter c’est faire un pied de nez à tous ces populistes, dictateurs, mécréants religieux et autres narcissiques qui pensent pouvoir nous diriger, du haut de leur mépris.
Voter est à la fois simple et compliqué… Simple, parce qu’il ne s’agit que de faire un X dans un petit cercle; compliqué parce qu’on peut s’imaginer avoir tellement de choix! Les partis politiques se fendent en quatre pour nous expliquer que les choisir va de soi! Les médias se bousculent les neurones à nous montrer les différences entre les partis et même les candidates! On veut nous exposer tous les choix possibles! Mais y en a-t-il tant que cela?
Oh! Bien sûr, lorsqu’on regarde les «détails», on peut voir des disparités idéologiques, linguistiques, régionales, etc. On peut, par exemple, penser que taxer les «gros chars» est une bonne idée pour la planète. Mais pour quelqu’un qui vient du Saguenay, comme moi, ce n’est pas aussi évident que pour quelqu’un qui vit dans Rosemont, comme moi… On peut croire qu’un troisième lien, en tunnels cimentés, à Québec est une aberration écologique, mais lorsqu’on y réfléchit, embouteillé sur la 20 en attente de mettre la roue sur un vieux pont déjà fragilisé, et bien ce n’est plus tout à fait aussi aberrant…
Voter n’est donc pas aussi simple qu’on pourrait le croire. Et je suis convaincu que des personnes aux affinités humaines très fortes peuvent finir par voter différemment et même de façon opposée. Comme il n’y a qu’un choix sur le bulletin de vote, si on veut qu’il soit pertinent, chacun doit trouver LA raison qui motive le sien.
Cette année, j’ai décidé de voter pour le parti qui me semble le plus incarner la volonté de la jeunesse : s’occuper de la planète, s’occuper les uns des autres, regarder l’avenir en face et tenter d’agir maintenant, à notre mesure, sur les conditions de vie de la société et même de l’humanité. Oh! Bien sûr, tous les partis voudront s’identifier à ces objectifs! Mais quand on regarde au-delà des beaux discours, il est facile de voir qu’il n’y en a qu’un seul qui peut agir à l’Assemblée nationale pour influencer la politique, ici, au Québec, dans cette direction. À chacun de faire son choix et, surtout, de l’assumer!